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X²=-3 : Les intermondes: Les intermondes

By Regale, Eau

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Book Id: WPLBN0002821999
Format Type: PDF eBook:
File Size: 1.10 MB
Reproduction Date: 12/21/2012

Title: X²=-3 : Les intermondes: Les intermondes  
Author: Regale, Eau
Volume:
Language: French
Subject: Non Fiction, Philosophy, Reference
Collections: Short Stories, Authors Community, Philosophy, Cultural Studies, Literature, French Literature Collection, Most Popular Books in China, Romance Language Literature Collection, Law
Historic
Publication Date:
Publisher: Eau Regale
Member Page: eau regale

Citation

APA MLA Chicago

Regaleitor, B. E. (Ed.). (n.d.). X²=-3 : Les intermondes. Retrieved from http://gutenberg.cc/


Description
11 nouvelles courtes (de 6 à 32 pages) offrant un regard croisé sur le monde présent et futur à travers quelques thèmes: la mort, le féminisme, la criminalité, les moeurs... Ce livre contient un bruitage en première de couverture et une bande son techno originale d'une durée de 60 secondes en quatrième de couverture.

Summary
Nouvelles surréalistes

Excerpt
Pouf ! Pouf ! Un homme embusqué vient de tirer sur des passants avec un fusil à lunette. Il ne les connaît pas, ces gens, mais il « ne pouvait pas les voir ». Dans son optique traitée à l'épreuve des re¬flets, il a vu clair sur leur front : il y a vu des bêtes, les bêtes qu'elles sont. Pour lui, ces deux victimes correspondent à… à quoi ? deux comprimés de tranquillisant. Ces deux tirs grou¬pés correspondent à sa dose quoti¬dienne de tranquillité. C'est la panique dans le boulevard, mais il s'en moque comme il se moquerait de l'envol précipité d'un essaim de passereaux effarouchés ; on ne va pas demander à des bêtes de se comporter autrement que comme des bêtes. Et lui, qui est-il, ou que n'est-il pas ? On ne sait pas trop. On sait seule¬ment qu’un jour, alors qu'il n’était encore qu’un enfant, il s'est re¬trouvé nez à nez avec la Mort : quand il réalisa d'une prise de conscience fatale que la mort existait. Pour lui, tout, alors, était fini… terminé ; la vie et tout le reste… terminé. Plus tard, alors qu’il était âgé d’environ vingt ans – notre homme ne se souvient pas, il ne se souvient plus –, il s'est fait braquer par un petit loubard au beurre noir : le canon du revol¬ver était devant lui, à un mètre, pointé entre ses deux yeux, et lui l'a regardé… d'abord avec indiffé¬rence, ensuite avec considération ; intensément, jusqu’à l’assourdisse¬ment d'une profonde concentration liminale d'un état mystique. Il a re¬gardé l'intérieur du canon en lequel il s'est perdu, de peur pendant un ins¬tant, mais ensuite avec soula¬gement : il venait de se trouver. Face à cet insolite comportement le braqueur a dû se croire face à un démon capable d'apprivoiser une bête sau¬vage ou même la Mort. En remuant son arme d'indécision, avec laquelle il désignait notre homme, il a clamé: « Putain ! t'es givré toi ! » avant de disparaître pres¬tement. Notre homme n'est pas dément, il a juste fini d'être un gosse qu'une béance de femme impressionne : il est désor¬mais un pointeur, un tueur ; sans peur et sans pitié. Il n'épargne plus que les gosses, juste¬ment… non pas par pitié, peut-être par… il n'a pas en¬vie d'en parler ! il n'a pas à se justi¬fier. Il range le fusil à lunette dans sa mallette et quitte la colline sur¬plombant la ville ; sans empresse¬ment. La mort de ces passants inconnus, c'est sa propre mort, la grande Inconnue, celle qui l'attend. Il a sept morts à son actif et il n'éprouve pas le moindre remords ; car son cœur est vidé de son passé comme son esprit est vidé de tout sens de l’avenir : il vit en sursis, atteint en pleine tête par un mal incurable qui le condamne à court ou à moyen terme ; il ne sait pas exacte¬ment, il a refusé les examens com¬plémen¬taires. « La prochaine balle est pour moi » se dit-il sans mot dire ; sans savoir si la main qui appuiera sur la détente sera la sienne. C'est assez pour aujourd'hui, il a eu sa dose de calmant, mais demain il recommencera, demain comme au¬jourd'hui, hier et avant-hier. Chaque balle tirée, c'est une dose de vita¬lité qu'il s'injecte, une adrénaline dans un cœur à l'arrêt. Chaque mort le rapproche de la vie qu'il ne peut plus atteindre, mordre à plei¬nes dents, respirer à pleins pou¬mons, sentir dans ses veines, dans son cœur, dans sa tête, dans son corps. Chaque mort le rappro¬che d'une autre vie ; de celle qui l'at¬tend, au-delà ou en deçà la vie. Comme c'est étrange ; la vie sans la vie : être un fantôme… en errance, abandonné par les rythmes quoti¬diens de la mortelle randonnée ter¬restre, les rythmes abrutissants de la quotidienne banalité, la morose et sinistre gaieté quotidienne, la stu¬pide et lâche joie de survivre. « Profiter de la vie », comme on le dit, ce ne peut être que des choses animales, en tant qu’animal. C’est assez pour aujourd’hui et voilà : déjà demain. On se croirait hier. Aujourd'hui c'est un peu diffé¬rent; peut-être par lassitude, peut-être par l’appel susurré d’une loin¬taine sirène morte… aujourd'hui, note homme se sent prêt à défier la Mort… Il descend dans la rue ensoleillée de ce premier jour d'été : tchak-tchak. Il vient d'armer son fusil et le pointe en direction de la foule : pouf, pouf… dit le silencieux… pouf, pouf-pouf. Notre homme s'ar¬rête de tirer : la déban¬dade est telle qu'il ne sait plus où viser… Pan ! Un policier vient de le tou¬cher. Notre homme lâche son fusil et s'écroule avec lui dans les cris et les larmes des femmes et des en¬fants. Déjà, il ne sent pres¬que plus son corps, si ce n'est, sur lui, la sève chaude qui s'écoule de sa tempe et pénètre dans son oreille, au ralenti. Alors le tumulte de la foule n'est plus que le roulis de la mer auquel se mêlent les cris du peuple sur la plage, cette clameur sourde audible sous l'eau, à quelques brassées de là, durant les vacances d'été, un jour d'enfance… Un hélicoptère s'élève dans les airs. Il survole quelques instants le théâ¬tre du drame heureux, avant de dis¬paraître dans le bleu du ciel bleu en prenant avec lui de l'alti¬tude.

Table of Contents
Table des nouvelles Sniper 1 A demain 13 A mon amour 45 Ailleurs, sur Terre 54 France, 2010 77 Projet S.I.O.N. 86 Allégorie de la mauvaise mère 115 Unité 0-XY-1 123 L’image fatale 132 Petit vent glacé de délinquance ordinaire 138 Suicide 158

 
 



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